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2022-08-06On a créé un ChatGPT français en 2019
2023-02-05Bonjour,
“Est-ce que Benoit Hamon bosse vraiment chez SINGA ?” On me pose cette question depuis que Le Monde a publié la nouvelle d’intégration de Benoit Hamon chez SINGA Global en tant que directeur général en septembre 2021. Je vais répondre franchement à cette question dans ma newsletter Les pensées émigrées. Mais permettez-moi d’abord de vous parler d’un autre sujet qui me tient à cœur.
Je porte une mission
Il y a 13 ans, quand je suis arrivé en France, je me suis rendu compte que les nouveaux arrivants sont complètement laissés-pour-compte une fois arrivés.
Contrairement au préjugé, ils travaillent beaucoup, même trop. Les données montrent qu’ils sont plus diplômés que les locaux (encore contrairement au préjugé), mais moins rémunérés. C’est encore plus vrai dans le cas des personnes réfugiées/exilées. Ils subissent un déclassement social. Beaucoup entre nous avons, déjà, croisé des médecins, ingénieurs, journalistes, agriculteurs ou artistes réfugiés qui sont aujourd’hui chauffeurs de taxi ou caissiers ?
Pendant la pandémie de 2020, nous avons tous observé sans filtre cette réalité : les travailleurs immigrés n’ont pas vécu le même confinement que les autres. Santé Publique France en a fait le bilan : 9 fois plus de mortalité chez les immigrés subsahariens résidents en France au début de la pandémie de COVID-19 selon une étude réalisée par l’Ined et l’Inserm en partenariat avec Santé publique France et l’Institut Convergences Migrations.
Les voici les trois principales raisons de cette surmortalité selon les chercheurs de l’Ined et l’Inserm qui ont mené cette enquête en partenariat avec Santé publique France et l’Institut Convergences Migrations :
- Environnement de vie (densité des communes de résidence, densité au sein du foyer)
- Conditions de travail (emplois “essentiels”, non-télétravaillable les obligeant les déplacements en transports collectifs)
Ses deux première raison sont à l’origine d’un surcroît de risque de contamination
3. Difficultés de recours aux soins et de prise en charge dans un contexte de saturation des hôpitaux.
Une triste injustice !
Les enfants d’immigrés sont ceux qui progressent le plus aux Etats-Unis
La réalité c’est que les nouveaux arrivants consacrent leur vie pour leurs enfants. Le magazine Time a publié en juin 2022 un édito montrant que l’apport le plus important des personnes immigrées pour leur pays d’accueil est… leurs enfants. Les nouveaux arrivants se sacrifient pour offrir à leur enfant une meilleure vie afin qu’ils ne subissent pas les mêmes discriminations et le même déclassement. Pourtant ce sacrifice n’est perçu à sa juste valeur par la société d’accueil étant donné son bénéfice approuvé notamment par Time.
Et la France ?
Je lis sur LinkedIn Olivier Nataf qui raconte l’histoire son père :
“Il est arrivé de Tunisie en France à 10 ans. Il a vécu avec sa famille et ses cousins, à 7 dans un 2 pièces à Belleville. Sans eau courante. […] Il s’est fait tout seul, en revendant au début quelques tapis transportés dans sa voiture, jusqu’à devenir en 10 ans un des grossistes incontournables en France.”
Quant à Olivier, grâce à ses parents, il est grandi dans un appartement dans le 18e arrondissement, avec sa propre chambre, une Super Nintendo et un ordinateur à 13 ans. Il fait HEC, il intègre un cabinet de conseil prestigieux et il lance sa première boîte à l’âge de 26 ans. Il est aujourd’hui un entrepreneur à succès dont la France ne peut être que fière.
Avec l’humilité, il relativise son succès :
“On me dit souvent que j’ai entrepris jeune et que j’ai été très courageux. Quand je vois ce que mon père a fait, je trouve que mon courage et ma jeunesse étaient bien relatifs.”
Il a bien raison de mentionner que “l’ascenseur social” a bien fonctionné à l’époque pour sa famille. Cependant, peut-on être sûr qu’aujourd’hui c’est encore le cas ?
Je lis dans Les Echos que pour la deuxième année consécutive, la France se situe à la 19e place de l’index mondial compétitivité et talents. “Elle pâtit d’une trop faible ouverture sur le monde extérieur et d’une inclusion insuffisante des minorités et des immigrants,” selon Nicolas Glady. Ce manque d’inclusion coûte cher pour la France et met en péril l’avenir social mais aussi économique du pays.
“C’est pour cela que nous devons absolument travailler à développer à la fois notre ouverture à l’international et à mieux inclure les talents de toutes origines. Les deux iront de pair.” précise le Directeur et le President de l’école Télécom Paris (Institut Polytechnique de Paris).
Comment peut-on faire pour que les nouveaux arrivants chez nous ne se sacrifient pas autant, pour qu’ils s’épanouissent et que notre société bénéficie de leur épanouissement ? Je fais de cette question une mission pour moi. Si je me battais pour la démocratie en Iran, aujourd’hui en France/Europe mon combat c’est l’inclusion et la dignité des nouveaux arrivants, de tous ces gens toujours invisibilisés socialement, instrumentalisés politiquement et des fois exploités économiquement.
Je porte cette mission avec SINGA depuis 5 ans, un peu discrètement et parfois dans l’ombre, peut-être parce que je ne me sentais pas légitime. Je continuerai cet engagement en l’assumant avec fierté avec SINGA mais aussi avec Welcome Place (une très bonne nouvelle le concernant en janvier 😎).
L’instant promo : pour me soutenir dans la dernière ligne droite de mon livre “L’Iran déçu mais debout”, je vous invite à recommander le livre par ici :
“Est-ce que Benoit Hamon bosse vraiment ?”
Cela fait déjà plus d’un an que Benoît Hamon a rejoint SINGA. Depuis, on me pose régulièrement la question suivante : “alors, comment ça marche avec votre nouveau président Benoit Hamon ?” Au début, pour être honnête, j’étais un peu contrarié, voire vexé. “Pourquoi ces gens-là ne vérifient-ils pas d’abord notre organigramme et nos communiqués de presse avant de poser ce genre de question ?” 🤔
J’ai fini par me rendre compte que cela venait d’une tradition française selon laquelle les hommes politiques terminent leur carrière en cumulant les titres honorifiques de président de tels ou tels Fondation, Observatoire, Conseil etc. En réalité, ils ne bossent pas vraiment, leur rôle est surtout d’insuffler une vision des organisations qu’ils président. Rôle qu’ils occupent soit à titre gracieux soit parfois en contrepartie d’une indemnisation cadrée par la loi.
Quand je dis à mes interlocuteurs et interlocutrices que Benoit Hamon est le “directeur général” de l’organisation dont je suis le “président”, et que c’est normalement moi qui ne suis pas censé bosser, ils me répondent : « ah bon ? Ça veut dire qu’il vient au bureau tous les jours ? Comme les autres ? » avec un air stupéfait. Je leur réponds généralement « Bah oui ! Comme les autres quoi ! »
Benoît travaille très souvent plus que les autres salariés et parfois même pendant les week-ends. Je trouve ça normal car, en réalité c’est la responsabilité de n’importe quel DG d’une structure internationale, quelle que soit sa forme juridique (ONG, privée ou publique). »
En septembre 2021, après six séances d’entretiens individuels, le Conseil d’administration de SINGA Global a recruté Benoît Hamon en tant que Directeur général. Je suis fier de recrutement que j’ai mené. Depuis maintenant quinze mois de collaboration avec lui, je suis impressionné par son intelligence, son humilité, son sens de collectif et son assiduité quotidienne.
Qui est qui chez SINGA ?
SINGA est un réseau de structures non lucratives autonomes locales en Europe et au Canada. Le réseau est dirigé par SINGA Global. Ce dernier est dirigé par son Conseil d’administration, élu par les représentants des 16 chapitres SINGA locaux (Paris, Lyon, Berlin, Stutgart, Bruxelles, Gèneve, Zurich, Barcelone, Montréal, Nantes, Liles, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Saint-Etienne, Valences) ce 10 décembre.
Voici la liste du CA :
Luisa Seiler notre secrétaire générale, Jana Nevrlka, notre trésorière, et moi, Rooh Savar, votre humble serviteur en tant que président. Les autres membres du CA sont Alice Barbe, AMER `ALQADI, Marielle Demilie et Sylvain Marguerin.
Fatemeh Jailani est de sa part la COO de SINGA Global la tête de réseau de SINGA.
Guillaume CAPELLE, notre cofondateur, s’occupe aujourd’hui de la création d’un fonds d’investissement qui vise à soutenir les entrepreneurs nouveaux arrivants. Quant à Alice Barbe, elle dirige la fantastique Académie Des Futurs Leaders. Depuis ce mois de décembre, David Robert ancien DG de SINGA FRANCE devient codirecteur de J’accueille aux côtés de Vincent Berne.
Recommandation de séries :
Je regarde beaucoup de séries. En réalité, depuis 10 ans, je lis moins de romans que je ne regarde de série. Certains romans, je les découvre grâce aux séries. Je trouve que le drame est aujourd’hui plus fort dans les scénarios des séries que dans les romans. Faites-moi découvrir s’il vous plaît quelques romans écrits après les années 2000 avec des personnages plus élaborés que ceux de The Wire et de Succession, avec un tram plus fort que True Detective, Mad Men, Supranos et The Killing (la version danoise) ou plus étonnant que Breaking Bad ou House of Cards (version anglaise), toutes traitant simultanément les questions sociologiques, politiques, psychologiques ou même parfois les questions les plus complexes existentielles et philosophiques comme c’est le cas dans The Leftovers, Lost ou encore six Feet Under et Dark.
Bien évidemment, et heureusement, qu’il existe encore de très bon roman à nos jours. Certaines séries phares, comme Game of Thrones ou The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate) sont des adaptations parfois réussites de romans best-sellers. Néanmoins, puisque c’est la fin d’année qu’on juge moins les paroles amateurs, j’ose dire que depuis deux décennies, l’innovation dramaturgique est plus fréquente dans le monde des séries que n’importe quel d’autre domaine.
Ci-bas, je vous présente quelque série, pourtant inspiré des romans :
L’Amie prodigieuse
La série est une adaptation d’un roman best-seller qui porte le même nom. Il est écrit par Elena Ferrante, romancière, nouvelliste et essayiste italienne. Si vous êtes fans d’Annie Ernaux, vous risquez de tomber amoureux L’Amie prodigieuse. Elle montre une longue histoire d’amitié turmenté de deux napolitaines des années 1950 jusqu’à nos jours. Chaque épisode de L’Amie prodigieuse m’a donné envie d’écrire, écrire et écrire.
Mercredi (Wednesday)
Basée sur la BD “La Famille Addams” de Charles Addams, elle a battu tous les records de visionnage d’une série dès sa parution sur Netflix en novembre dernier et je pense qu’elle mérite d’être aimée. Quatre des huit épisodes de la première saison sont réalisés par Tim Burton et vous pouvez savourer la signature du réalisateur de “Edward aux mains d’argent” tout au long de la série.
For All Mankind
Le point de départ de la série est un fait historique : la guerre des étoiles entre les USA et les USSR. Sauf que dans la série, ce sont d’abord les Soviétiques qui font atterrir le premier homme sur la lune. Les Etat-Uniens vivent ce moment comme une chique civilisationnelle. Ils essayent de rattraper cette humiliation.
La série est une parfaite propagande héroïque made in USA. Ce qui démarque cette série des propagandes habituelles des Etats-Unis, c’est son point de vue radicalement “patriote-progressiste”. Selon la série, si les Etats-Unis veulent devenir ou rester “The Best” et la meilleure des Nations, ils doivent être le plus inclusive possible : donner une place ambitieuse aux femmes dans le leadership du pays, être fière de leurs héros et héroïnes LGBT+, s’appuyer sur la richesse des migrations et les talents “newcomers” des quatre coins du monde. Tout ça pour que la Nation puisse surmonter les impossibles.
Voici mes tops 3 découvertes cette année. Quelles sont les séries qui ont marqué votre année 2022 ?
Vous êtes plus de 2500 lectrices et lecteurs de mes Pesnées émigrées. Merci d’être fidèle à ma newsletter. Je vous souhaite une bonne fin d’année et surtout un joyau année 2023.
N’hésitez à m’écrire en répondant à cet email et partager avec moi vos histoires, vos engagements ou vos points de vue convergents ou divergents avec les miens.
Bonne année,
RoohSavar
L’instant promo : pour me soutenir dans la dernière ligne droite de mon livre “L’Iran déçu mais debout”, je vous invite à recommander le livre par ici :
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