Dans ce chapitre intitulé « L’organisation constitutionnelle du pouvoir en République islamique d’Iran », je rappelle que l’Iran a une tradition constitutionnelle qui remonte au début du XXe siècle. La Constitution actuelle, adoptée en 1980 et révisée en 1987, définit un régime politique unique au monde, où cohabitent des institutions élues (Parlement, Président, conseils municipaux) et des institutions théocratiques (Guide, Justice, Assemblée des experts). Cette hybridité institutionnelle se traduit par une tension permanente entre les deux pôles du régime, la théocratie et la république.
L’Iran ; déçu mais debout
L’Iran ; déçu mais debout reflète la résilience du peuple iranien face aux défis politiques, économiques et sociaux. À travers ce récit, on a exploré les désillusions de la société iranienne sur la scène politique interne, vis-à-vis de « la communauté internationale ».
Malgré la censure et les persécutions internes d’un côté, et les sanctions internationales de l’autre, la vitalité de la société iranienne est aussi exemplaire qu’inspirante. Le titre “L’Iran ; déçu mais debout” capture l’essence du récit de ce livre : un pays confronté à de profondes déceptions, mais animé d’une force intérieure qui lui permet de rester debout et d’espérer un avenir meilleur.
J’emprunte la notion développée par Azadeh Kian, sociologue franco-iranienne, qui qualifie la République islamique de « régime plébiscitaire » où se mêlent une double légitimité religieuse et républicaine. Les institutions s’articulent autour d’un pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, exercés sous la tutelle absolue du Guide.
Le Guide : l’institution centrale
Le Guide est l’institution centrale de la République islamique. La Constitution lui confère des pouvoirs étendus, notamment la détermination de la politique générale du pays, le commandement des forces armées et la nomination des responsables des principales institutions.
Malgré le pouvoir absolu du Guide, la Constitution iranienne se base sur le principe de la séparation des pouvoirs. Le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire sont en théorie indépendants les uns des autres.
Le rôle des institutions non démocratiques
On analyse ensuite le rôle des institutions non démocratiques, dont les responsables sont désignés par le Guide et non élus par le peuple. Il s’agit notamment de :
- L’Assemblée des experts : chargée d’élire le Guide et de contrôler son action, elle est composée exclusivement de religieux.
- Le Conseil des gardiens de la Constitution : composé de six religieux et six juristes, il a pour mission de valider les candidatures aux élections et de vérifier la conformité des lois à la Constitution et à la charia.
- Le Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime : il intervient en cas de conflit entre le Parlement et le Conseil des gardiens.
On y met en évidence ici l’importance de ces institutions non démocratiques dans le fonctionnement réel du régime. Elles limitent considérablement le pouvoir des institutions élues et garantissent le contrôle du Guide sur l’ensemble du système politique.
L’espace de la participation populaire
Malgré la prééminence des institutions théocratiques, il ne faut pas sous-estimer l’existence d’un espace de participation populaire et son poids tant symbolique que réel en Iran. La Constitution prévoit de nombreux suffrages pour élire le Président, le Majles (l’Assemblée nationale), conseils municipaux, et l’Assemblée des Experts.
Cet espace démocratique, bien que limité, est une source de force pour la République islamique mais aussi pour la société civile et les oppositions. Il permet au régime de se maintenir au pouvoir malgré les crises et les contestations en créant une certaine forme de légitimité populaire. En parallèle, il permet aux oppositions de faire avancer leurs agendas démocratiques.
En conclusion, le chapitre I offre une analyse détaillée du fonctionnement institutionnel de la République islamique d’Iran. Mon objectif est de mettre en évidence la complexité de ce système hybride, tiraillé entre une légitimité théocratique et une légitimité républicaine. On y découvre le rôle central du Guide, mais aussi l’importance des institutions non démocratiques et l’existence d’un espace, limité, de participation populaire.
L’Iran ; déçu mais debout
L’Iran ; déçu mais debout reflète la résilience du peuple iranien face aux défis politiques, économiques et sociaux. À travers ce récit, on a exploré les désillusions de la société iranienne sur la scène politique interne, vis-à-vis de « la communauté internationale ».
Malgré la censure et les persécutions internes d’un côté, et les sanctions internationales de l’autre, la vitalité de la société iranienne est aussi exemplaire qu’inspirante. Le titre “L’Iran ; déçu mais debout” capture l’essence du récit de ce livre : un pays confronté à de profondes déceptions, mais animé d’une force intérieure qui lui permet de rester debout et d’espérer un avenir meilleur.
L’Iran ; debout mais déçu
Cet ouvrage analysant la complexité de la société et du régime iranien, mettant en lumière les contradictions entre l’image projetée à l’international et la réalité vécue par la population.
L’auteur, à travers son expérience de journaliste mais aussi ancien activiste politique, souligne la richesse de la presse iranienne et la pauvreté du traitement médiatique occidental, accusé de “misérographie des Autres”.
Le livre explore plusieurs périodes clés de l’histoire iranienne, de la révolution de 1979 à l’ère post-Ahmadinejad, en passant par le mouvement vert et les manifestations de 2017 et 2019. Il examine les enjeux politiques (le rôle du Guide, le velayat-e faqih, les élections), économiques (la dépendance au pétrole, les sanctions occidentales), et sociaux (les droits des femmes, la société civile), tout en soulignant l’importance des sources internes et la nécessité de dépasser les clichés occidentaux pour une compréhension nuancée de l’Iran.
L’ouvrage se termine sur une analyse des élections présidentielles de 2024 et des défis auxquels fait face le pays, en particulier face à la “pression maximale” états-unienne et à l’évolution de la société iranienne.
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